Le Coach des Ecureuils d’Arlac récolte les fruits d’une saison finement conduite, tout en symbiose et gestion raisonnée. Entretien avec Patrick HALLER du District de la Gironde.
Tout au long du championnat vous avez souvent fait la course en tête et forcément rapidement intégré l’idée de la montée. Comment dans ces conditions êtes-vous resté serein ? En sachant qu’il fallait continuer à être efficace et à garder votre objectif en ligne de mire…
Antoine VERGES :Si nous revenons à la saison dernière nous avons manqué la montée d’un point. Bien entendu ensuite vous faites partie des favoris, l’accession nous l’avions déjà intégré. Le groupe est resté le même avec en renfort l’arrivée de Girard DESIREE et Vincent JUANEDA.
La gestion de statut de favori n’est pas facile car à chaque match vous êtes attendu et fatalement vous devenez l’équipe à battre, c’est à ce moment-là que votre mental ne doit pas défaillir.
J’ai bien senti que mes gars avaient également intégré ces problématiques et qu’ils n’allaient rien lâcher. Il a fallu se battre jusqu’au bout, mais je pense que cet accessit, in fine tout le club l’a mérité. »
Depuis de nombreuses années le mythique club des Ecureuils flirte avec la CFA2 aujourd’hui N3. Cet objectif était-il inscrit sur votre feuille de route, comment le Président et les Dirigeants vous ont-ils présentés la chose ?
AV : « Je viens du SAM et lorsque j’ai intégré les Ecureuils j’ai été joueur pendant une saison, le Président m’a ensuite demandé si je voulais entrainer, j’ai accepté et pendant deux ans j’ai été entraineur-joueur.
Je me souviens avoir expliqué au Président que selon moi il fallait entre trois et quatre ans pour être légitime à l’accession en CFA2, cela a pris quatre ans pour que l’on devienne une équipe redoutée, dans le passé nous perdions souvent chez nous, je pense qu’en deux ans nous n’avons perdu qu’un match à domicile.
Ce qui a été très intéressant de constater c’est l’état d’esprit du groupe qui tout au long de ce parcours a évolué de façon très positive et qui bien entendu nous a permis d’atteindre cette N3.
La montée était un objectif, mais je n’ai jamais eu de pression du Président par rapport à ça, je l’ai même entendu souvent nous expliquer que si nous montions cela serait fantastique, sinon cela n’était pas grave nous essaierons la saison prochaine.
Je sentais bien que tout un Club autour de ses composantes croyait à cet objectif et tout le monde a joué le jeu. »
Quelles sont vos méthodes de travail ? Qu’attendez-vous des personnes qui travaillent avec vous ? Maintenant que vous êtes en N3, vos exigences vont-elles changer ? Etes-vous un patron directif ou qui laisse une certaine latitude à son Staff ?
AV :« Mes méthodes de travail, elles sont très simples, j’essaie prioritairement d’intéresser mes joueurs, je veux absolument garder cette notion de plaisir qui à mon sens doit rester primordiale.
Je n’oublie jamais que nous sommes des Amateurs.
Sans aucune critique de ma part, je trouve que beaucoup de clubs veulent copier ce qui se fait chez les Pros, ce n’est pas mon axe de travail, j’essaie de ne jamais oublier que mes gars travaillent, ont des obligations, certains jours ne sont pas disponibles aux entraînements, je veux absolument garder cette notion de plaisir de jouer et de s’entraîner, ce qui à mes yeux est essentiel au bon fonctionnement d’une équipe Amateur.
Dans cette optique je ne surcharge jamais les séances, les saisons passées je voulais absolument m’entraîner intensément avec obligatoirement trois séances par semaine.
Ces deux dernières années nous avons alterné entre trois et deux entraînements hebdomadaires, à ce stade je me suis aperçu que j’avais beaucoup plus d’assiduité avec un groupe plus réceptif.
Paradoxalement cette saison c’est l’année où nous nous sommes le moins entrainés mais pas en qualité !
Je préfère faire deux séances intensives à 18 ou 20 joueurs que de « bricoler » pendant trois séances à 10 ou 12.
Cette année en N3 je suis conscient que nous allons avoir à faire à des équipes qui s’entrainent beaucoup et je vais donc adopter un rythme de travail à trois séances.
Techniquement je n’ai aucune interrogation sur le groupe mais c’est bien sur le plan du rythme et de l’intensité qu’il va falloir maintenant travailler.
J’ai toute confiance au Staff qui m’entoure, Yvon DEMARTON, Damien GUITARD et toutes les autres personnes qui travaillent autour de l’équipe, ce sont des personnes très compréhensives et compétentes, l’année dernière lorsque nous avons eu nos deux filles cela a changé considérablement ma vie et bouleversé mon emploi du temps.
Vous savez comment ça se passe ! Les petites malades, mon épouse pas là, au dernier moment obligé de m’absenter, tout le monde était là pour me suppléer et je savais très bien qu’ils allaient parfaitement assurer.
Personne ne m’a jamais mis de « Bâtons dans les roues » sur ce point, je suis très reconnaissant auprès du club et du Président, je sais que dans d’autres clubs cela ne se passerait pas comme ça.
J’ai de la chance d’être avec ces gens-là qui sont en plus super-compétents.
Les joueurs aussi sont au courant de ma situation, ils font bloc et sont vraiment Sympas, c’est vraiment un groupe particulier, soudé avec une confiance à toute épreuve. »
De combien de joueurs se compose votre groupe ? Le recrutement est-il terminé ? Quels sont les postes qu’il vous reste à pourvoir ?
AV : « Actuellement nous sommes un groupe de 22 joueurs et 3 gardiens, mon objectif est d’arriver à 23, il me reste donc un poste à pourvoir, nous attendons la signature d’un attaquant supplémentaire ! »
Antoine Verges, votre équipe B finie depuis deux ans à la porte de la R2, je pense qu’un des objectifs du club est la montée en R2 ?
AV : « Cela fait deux ans que l’équipe B finie troisième, c’est un très bon résultat.
L’objectif prioritaire est de maintenir l’équipe première et de réduire l’écart avec notre B.
La première en N3 et notre B en R2 cela deviendra très cohérent et attractif.
Cette année nous avons décidé de prendre une option sensiblement différente par rapport aux saisons précédentes.
L’année dernière les joueurs de l’équipe 1 qui avaient peu joué restaient affiliés au groupe.
Pour la saison à venir, ces joueurs d’expériences à l’état d’esprit fabuleux qui avaient moins de temps de jeu seront directement versés en équipe B afin d’imprimer immédiatement un objectif fort à ce groupe.
Cette année au lieu de démarrer avec un groupe de 25 en Première, nous l’avons réduit afin de favoriser les montées.
Rien n’est acquis ni figé, tous les joueurs qui le méritent auront leur chance.
Entre les groupes qui démarrent au mois de septembre et ceux qui terminent au mois de mai beaucoup de choses peuvent changer. »
Maintenant que tous les Districts de Gironde ont fusionné en une seule entité, qu’attendez-vous de cette nouvelle instance ? En sachant que c’est en District que tout commence…
AV : « Ce qui m’a toujours frappé à Arlac, c’est qu’il y a quatre équipes Senior dont deux en District.
Ce que j’attends des instances Dirigeantes du Foot dans le District comme en Ligue c’est qu’elles servent le Football tout en protégeant le Joueur, le jeu, les Arbitres et toutes les personnes qui gravitent autour d’un Match.
Lorsque je jouais je n’étais pas un joueur facile, prompt à discuter et à râler, cela fait maintenant deux ans que sur le banc je vois vraiment les choses différemment, l’arrivée de mes filles y est certainement pour quelque chose.
Cela est très important pour l’image du club et de soi-même.
L’excitation négative sur un banc de touche est très préjudiciable aux performances du groupe.
Auparavant ces problèmes ne me marquaient pas, mais pour moi aujourd’hui c’est différent et je trouve catastrophique la violence qui règne autour de certains matchs. »
Comment vous sentez-vous au sein de ce mythique club des Ecureuils d’Arlac ?
AV :« Très bien ! Ce club est vraiment particulier et attachant, je pense que si j’avais connu les valeurs de ce club je serai arrivé avant.
Je connais également beaucoup de personnes du club qui raisonnent de cette façon.
C’est un club très populaire et qui excelle dans toutes les catégories, il me semble que nous sommes le plus gros club d’Aquitaine avec environ 720 licenciés.
Je ressens vraiment un club présent autour de toutes ses équipes et pas seulement l’équipe première.
Ce qui est également très rassurant c’est que les gens à Arlac ne sont pas seulement que de passage, ils s’inscrivent dans la durée et se fondent dans l’état d’esprit du Club, nous sentons tous que le club très impliqué autour de ses équipes.
Je vais vous donner un exemple, j’ai 50% de mon effectif en Première qui est passé par les équipes jeunes du club,
le pourcentage est encore plus élevé si nous incluons l’équipe B, cela n’est pas donné tout le monde !
Le Président et toute l’équipe dirigeante sont très attentifs à ça, nous devons préserver et entretenir cette cohésion et l’identité du club. »
M. DARROMAN donne l’impression d’être un Président passionné certainement exigent avec son équipe dirigeante comme je pense il l’est avec lui-même… Quelles sont vos relations avec votre Président ?
AV : « Ce que je peux dire sur mon Président ?
C’est vraiment un passionné de Football mais également de son club, pas que de l’équipe première, il est extrêmement présent avec nous, il est là aux entraînements, regarde, dit bonjour aux joueurs aux Dirigeants…
Je vais vous donner un exemple, où que nous jouons et sur n’importe quel match, il se fait un point d’honneur d’arriver avant le bus pour nous accueillir.
Nous travaillons tous deux en totale osmose, il me laisse toute liberté d’action, bien entendu je le tiens toujours informé de mes décisions, nous avons des discussions très régulières.
C’est vraiment quelqu’un qui m’aide, qui respecte toujours le choix de l’entraîneur, nous sommes très liés et je pense que ça emmène une grande force à l’équipe.
J’ai connu des clubs ou régnait une tension entre l’encadrement sportif et la direction, c’est toujours néfaste au bon fonctionnement du groupe.
Ici ce n’est pas le cas, il nous laisse travailler, attention ! S’il juge certaines décisions contraires aux intérêts du Club il va nous le faire rapidement savoir !
Il est capable de rester le soir à l’entraînement et le lendemain matin présent sur un match important de l’équipe 3, il est impliqué sur tous les matchs et supervise toutes les catégories.
Je sais que la N3 c’est son rêve, Arlac n’a jamais atteint ce niveau, pour lui je suis très fier avec mes équipes de lui avoir offert cela, c’est vraiment quelqu’un de bien qui mérite de connaître cette N3. »
Etant donné que vous acceptez de répondre à une question personnelle, quelles sont les soupapes de décompression que vous vous réservez ?
AV : « Le Foot me prend beaucoup de temps et d’investissement personnel, de ce fait il me manque du temps pour ma famille, quand je pars le dimanche et laisse mon épouse toute seule avec les petites, je sais que pour elles c’est difficile à gérer, dès que j’ai du temps de libre je le consacre à ma femme et aux petites, cela nous fait du bien. »
Un message personnel, une idée à faire passer ?
AV : « L’idée ce n’est pas de faire l’aller-retour en N3, nous voulons nous maintenir. Nous devons rester ambitieux ! »
Antoine Verges, je vous remercie de votre disponibilité et d’avoir accordé au District de la Gironde cet entretien.
Interview réalisé par Patrick Haller
Crédit Photo : actufoot33